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VIOLENCE SEXUELLE AU TRAVAIL

Prévenir et Réagir

CONNAISSANCES, COMPÉTENCES SONT NOS QUALITÉS PRINCIPALES


Fin 2017, suite aux accusations portées par plusieurs actrices contre Harvey Weinstein, s'enclenchait un vaste mouvement de « libération de la parole », quasi mondialisé, contre les violences sexuelles et sexistes subies par les femmes. # MeToo connut des avatars dans de très nombreuses langues ; en France, #balancetonporc" et les révélations débordèrent largement les milieux artistiques, pour concerner le monde du travail en général, mais aussi d'autres sphères de vie.


Ce flot continu et globalisé des révélations s'inscrit, concernant la France, dans la lignée de l'histoire des femmes et du féminisme. Les femmes qui tweetent aujourd'hui sont notamment les héritières des ouvrières en grève de la fin du XIXe siècle, pour dénoncer ce qui était désigné à l'époque comme l'exercice d'un "droit de cuissage". Depuis les années 1970, grâce aux femmes qui témoignent, et aux associations féministes à leurs côtés, la lutte contre les violences faites aux femmes a été inscrite à l'agenda politique.
Non seulement les différentes violences ont été nommées - violences conjugales, incestes, viols, et dans le domaine professionnel : le harcèlement sexuel ou l'agissement sexiste -, mais dans les instances internationales, leur interprétation a fait consensus. Dans divers textes, comme dans la convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (dite Convention d'Istanbul) de 2011, il a été entériné que ces violences sont structurelles, liées aux rapports inégalitaires entre les sexes. L'appellation aujourd'hui la plus couramment utilisée est celle de "violences de genre". Cette terminologie permet de "tenir ensemble", sans les hiérarchiser, afin d’en produire un sens social et politique : à savoir, cette violence permet de maintenir un rapport de domination, un rapport d'inégalité.


Alors, qu'en est-il au travail, que ce soit dans les entreprises privées, la fonction publique ou le monde associatif ?
Qu'entend-on aujourd'hui par ce concept générique de "violences sexuelles et sexistes" ?
Il désigne une variété d'agissements qui ont pour but ou pour effet de créer un rapport de force, en s'attaquant par exemple à la vie privée, au physique, à l'intimité d'une personne ou de plusieurs, au sein du collectif du travail. Il peut s'agir de la diffusion de matériel pornographique, de blagues "salaces", de questions sur la vie privée, d'attouchements, de rapports forcés. Les manifestations peuvent donc être verbales, psychologiques, physiques, sexuelles. Elles peuvent aussi s'accompagner de pressions, de menaces, de représailles, de chantage, de discriminations. Ces agissements reçoivent des qualifications juridiques diverses dans le code du travail, le code de la fonction publique ou dans le code pénal : viol, agression sexuelle, exhibition ou voyeurisme, harcèlement, agissement sexiste, etc. Vous le verrez dans la partie concernée, juridique.


Aux rapports de subordination inhérents au monde professionnel se conjuguent alors ces rapports de pouvoir liés au sexe ou au genre, quand, par exemple, une personne est considérée comme ne se conformant pas aux normes attendues en matière de féminité ou de masculinité, de sexualité. D'autres rapports de force peuvent d'ailleurs s'y greffer et concerner la classe sociale, le handicap, l'origine, etc. Ainsi est déstabilisée la relation de travail. Les conditions de travail sont dégradées, pouvant entraîner
une sanction, un licenciement, une démission de la personne victime. De plus, les sphères de vie n'étant pas étanches entre elles, des effets peuvent se faire ressentir sur la vie privée, la vie de famille, et tout particulièrement sur la santé.
C'est en 2000, qu'une équipe pluridisciplinaire et inter-institutionnelle mène la première enquête quantitative nationale sur les violences envers les femmes en France, la fameuse enquête (ENVEFF), et révèle la diversité et la spécificité des agissements. Cette enquête produit des données de cadrage, inspire le développement de politiques publiques et constitue pour la France les violences de genre en objet légitime de recherche.


Quinze ans après, en 2015, l'enquête « VIRAGE » (violences et rapports de genre, contextes et conséquences des violences subies par les femmes et les hommes), portée par l'Ined, explore dans un module consacré à la sphère professionnelle, auprès de plus de 17 000 répondants et répondantes, hommes et femmes, les agissements liés au sexe et leur fréquence, en tenant compte du continuum des violences de genre. En outre, Virage étudie les circonstances des violences au travail : quelles sont les caractéristiques des auteurs, du point de vue de leur sexe, mais aussi de leur fonction dans l'organisation ? Quels sont les lieux ? Quelles sont les perceptions et réactions des personnes qui déclarent les violences ? Quelles sont les conséquences pour elles, mais aussi pour les auteurs ? Sans réelle surprise, les violences au travail s'avèrent un risque systémique, en entreprises privées comme en organisations publiques, et non un phénomène isolé, marginal ou accidentel. Les violences sexuelles et sexistes concernant les 12 derniers mois précédant l'enquête montrent que 3,3 % des personnes en font état. Ce sont des violences fortement genrées.


Du point de vue des victimes, ce sont les femmes qui en déclarent davantage : 4,1 % des femmes contre 2 % des hommes. Parmi ces violences, le harcèlement dit « environnemental », qui peut concerner des propos sexistes, de la pornographie, du voyeurisme, est l'agissement le plus dénoncé par les deux sexes. Les femmes déclarent autant de chantage sexuel que de violences sexuelles par contact, soit 1,1 % des femmes. Les hommes sont respectivement 0,7 % et 0,5 % à déclarer l'une et l'autre violence. Non seulement les femmes déclarent plus de violences, mais elles cumulent davantage de faits différents que les hommes. Elles sont aussi la cible d'un grand nombre d'auteurs masculins, internes comme périphériques à l'entreprise. Alors ce sont les collègues, la hiérarchie, le public ou la clientèle, ce qui explique d'ailleurs sans doute leur plus grande victimisation. En revanche, les hommes sont préservés des assauts de la hiérarchie, ce qui leur évite de subir des mesures de rétorsion professionnelle. Ils mettent en cause des hommes, en cas de harcèlement sexuel environnemental, et des femmes en cas de chantage et de violence avec contact. Malgré une baisse de la tolérance sociale, au travail, les victimes de violences sexuelles minimisent leur gravité, comme s'il s'agissait de s'acclimater à la violence pour « tenir » au travail. Second constat : les hommes ont des taux d'acceptation beaucoup plus élevés. Environ neuf hommes sur dix déclarent sans gravité le chantage et les violences sexuelles avec contact. Est-ce parce que celles-ci sont ressenties différemment, par exemple comme une valorisation confortant une image de puissance symbolique ?


Au terme de cet exposé s'impose donc une double nécessité : explorer scientifiquement ces violences et démultiplier les campagnes de prévention, d'autant que le corps social semble aujourd'hui mieux préparé à entendre et reconnaître la gravité des violences sexuelles, comme en témoigne la récente loi votée contre les violences sexistes et sexuelles du 1er août 2018.

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